Combien de temps dure une psychothérapie ?

Combien de temps dure une psychothérapie selon l'approche utilisée ?

Avant de se demander combien de temps dure une psychothérapie, il est utile de préciser le type d’approche employé. 

D’une manière générale, la psychanalyse se compte en dizaines d’années. Je me souviens d’ailleurs d’une conversation avec une psychanalyste. Elle annonçait fièrement ses 32 années d’analyse, comme preuve de la plus profonde des introspections. Le pire était sa conclusion : « Et maintenant, je sais pourquoi je vais mal » … Aïe, ça voulait donc dire qu’elle allait toujours mal ! Je trouve ça effrayant au bout de tant d’années. Est-ce que cela signifiait qu’il lui en faudrait le double pour pouvoir aller bien ?!

Horloge en spirale pour représenter notre évolution selon combien de temps dure une psychothérapie

Les thérapies « rapides »

A l’opposé de la psychanalyse, nous trouvons d’autres courants qui promettent tout l’inverse.

On les nomme « thérapies brèves » car le nombre de séances est limité, et en moyenne le suivi dure au maximum un an. Parmi ces thérapies brèves, nous retrouvons la programmation neurolinguistique (PNL), l’hypnose, entre autres.

Certains annoncent même la résolution de toute problématique, même lourde, en moins de cinq séances. Est-ce réaliste ? A mon sens, pas du tout.

Les fausses promesses sur la durée de la thérapie

Si nous pouvions réellement permettre à une personne alcoolodépendante de sortir de son addiction en moins de cinq séances, cela se saurait, non ? Même des problématiques moins invalidantes, comme la dépendance affective par exemple, ne peuvent être résolues de manière durable de manière aussi rapide.

Je constate que des clients remontent des souvenirs importants, porteurs de sens, seulement au bout de 20 ou 25 séances. Sans ce temps, nous serions passés à côté de vecteurs d’évolution énormes. Et la thérapie ne pourrait de ce fait être pleinement accomplie.

Combien de temps dure une psychothérapie en thérapie brève ? 

Je considère que je m’inscris dans une démarche de thérapie dite brève. Le mot « bref » laisse à penser que ce sera rapide en termes de durée du suivi. Mais dans la réalité des séances, la notion de durée prend un sens différent. Pour le comprendre, il est utile de revenir sur le déroulement d’une psychothérapie.

Le déroulement de la thérapie

La plupart du temps, les personnes se présentent avec un motif de consultation relativement précis. Un problème au travail, une difficulté dans le couple, une phobie, des crises d’angoisse, une peur panique en voiture, etc. Et à partir de là, il y a plusieurs scénarios de thérapie.

Premier scénario : le problème cesse, mais la thérapie continue !

Il arrive très fréquemment qu’en ciblant efficacement l’origine de la problématique et en utilisant les techniques appropriées, nous parvenions à une issue positive sur le problème énoncé au départ dans un laps de temps très court. Et j’ai bien des exemples en ce sens dans ma propre expérience en cabinet. J’ai connu une trichotillomanie qui cesse en trois mois, une phobie scolaire qui prend fin en six séances, des crises d’angoisse qui diminuent jusqu’à complète disparition en moins d’un an, et tant d’autres cas encore.

Sablier

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Est-ce que pour autant ces personnes ont cessé les séances ? Et bien non.

Parce qu’au cours de nos échanges pour résoudre ce problème initial, nous avons mis en lumière d’autres problématiques. Nous avons évoqué des aspects de la personnalité qui engendrent des difficultés à d’autres niveaux dans la vie de la personne. Et le client prend conscience qu’en allant les explorer, les travailler, il obtiendra un grand confort et davantage d’épanouissement.

Je me souviens d’une cliente venue me consulter pour un stress important lié à son travail. Elle n’arrivait plus à profiter de son week-end ou de ses vacances. Car elle était bien trop obnubilée par ses dossiers en retard.  Dès le dimanche, elle ne pensait qu’au lundi où il lui faudrait retourner à son poste et retrouver toutes ses peurs. Dans son poste, il lui fallait affronter ses supérieurs qui exigeaient toujours plus de résultats, avec des objectifs qu’elle se sentait bien incapable d’atteindre.

D’autres désirs ont émergé lorsqu’elle est parvenue à une certaine sérénité vis-à-vis de son emploi. Et si elle avait plus d’aisance avec ses collègues et osait aller manger avec eux le midi ? Encore mieux, si elle osait participer aux conversations ? Secrètement, elle rêvait de s’affirmer davantage. Après avoir tant tremblé de se faire virer, la voilà qui désirait être capable de se mettre plus en avant pour évoluer professionnellement et être davantage reconnue ? Au détour de ces fantasmes, elle s’imaginait aussi cesser de se soumettre à la personnalité très autoritaire de son mari. Décider ce qui lui semblait juste dans l’éducation de ses enfants était jusqu’alors impossible. 

Alors nous avons continué, tout en nous délectant de sa progression sur les différents plans.

Deuxième scénario : Une psychothérapie qui nécessite plus de temps.

Parfois, dès le départ, la thérapie prend une tournure différente. Cela peut être parce que la problématique présentée initialement est vaste, parce qu’elle touche plusieurs domaines de la vie de la personne et relève de vécus traumatiques anciens, non conscientisés. Un autre cas fréquent est qu’au cours du travail, nous nous heurtons à des résistances. Il est évident que ces mécanismes de défense freinent la progression.

Et dans ces cas-là, il est évident qu’une durée plus longue sera nécessaire. Ce qui ne signifie pas qu’il faudra attendre plusieurs années pour avoir le moindre résultat. L’évolution sera progressive. Nous pourrons la repérer dans des changements d’attitude, où la personne elle-même se surprendra en disant « tiens, là j’ai réagi comme ça, alors qu’avant, j’aurais eu telle attitude ». La résolution complète s’obtiendra au fil du temps, ce qui pourra amener la personne à consulter pendant plusieurs années.

Plante qui grandit pour montrer l'évolution que l'on a au cours d'une psychothérapie

Partage d’expérience combien de temps a duré ma propre thérapie ?

J’ai commencé ma propre psychothérapie pour des troubles du comportement alimentaire. Ils ont cessé en moins de trois mois, sans même que je le réalise tout de suite. C’est au bout d’une douzaine de séances que je me suis dit : « mais, au fait, ça fait combien de temps que je n’ai pas eu de crises ? ». Et pourtant, j’ai poursuivi ce travail sur moi pendant huit années, à raison d’une séance individuelle par semaine et deux séances de groupe par mois en plus.

Au départ, je pensais (naïvement !) qu’une fois mes problèmes de relation avec la nourriture seraient réglés, je serais la plus heureuse sur cette Terre. Mais j’ai réalisé que d’autres facteurs importaient pour que je me sente vraiment bien dans ma peau, dans ma vie.

Et je me rappelle cette métaphore de ma thérapeute : « Une thérapie, c’est comme la rénovation d’une maison. Au départ, on s’attache au plus urgent : les fondations, pour éviter que l’édifice ne s’effondre. Et puis, ensuite, nous allons travailler pour qu’elle ne prenne plus l’eau, en réparant la toiture, et en mettant des fenêtres et des volets. Ensuite, c’est à toi de choisir, Frédérique, jusqu’où tu veux aller. Tu peux décider d’arrêter quand ta maison est hors d’eau, hors d’air et bien isolée. Ou bien tu peux souhaiter aller jusqu’à la décoration de ta maison avec de jolis meubles, des beaux tapis et des tableaux aux murs. C’est à toi seule qu’appartient le choix de l’endroit où tu veux vivre ».

J’ai fait le choix de poursuivre ma thérapie sur plusieurs année. J’avais ce besoin, et aussi ce plaisir, de comprendre, d’évoluer. C’est un choix que je n’ai jamais regretté, bien au contrauire. 

Les promesses sur la durée de la thérapie

Bien des années plus tard, cette métaphore résonne toujours en moi.

Je suis passée de « l’autre côté » puisqu’aujourd’hui je suis celle qui accompagne les personnes dans l’évolution de leur « maison psychique ». Je transmets aussi ce que je pratique à de futurs praticiens en psychothérapie. C’est donc cette philosophie de la thérapie et ce rapport au temps qui transparaît dans ma formation Psychopraticien.

Il est donc bien impossible de prédire un nombre de séances ou un nombre de mois ou d’années. Je pense d’ailleurs que c’est une lourde erreur pour un thérapeute de s’engager sur des promesses de ce type, parce que nous ne connaissons encore rien de la personne, de son vécu, de ses résistances. Et surtout c’est à elle qu’appartient de décider ce qu’elle souhaite réaliser dans sa vie.

Tête faite d'engrenages pour symboliser la psychologie

Durée de la psychothérapie et durée des séances

Il est bien évident que nous ne pouvons pas compter en années uniquement. Au final, c’est un nombre de séances qui retient notre attention. 

Selon que la séance dure 30 à 45 minutes, ou bien une heure à une heure trente, les résultats en seront complètement différents. Nous ne pouvons engager une technique de manière efficace en seulement une demi heure, ou même en trois quarts d’heures. C’est impossible. Ou alors acceptons-nous de nous engager dans une technique au petit-bonheur-la-chance. 

Ou bien nous contentons-nous d’échanges rapidement expédiés. Cet article sur le temps consacré par la majorité des psychologues en est une illustration : annuaire des psychologues – déroulement de séance

L’espacement des séances

L’espacement des séances est bien évidemment un paramètre important. Je demande en général à mes clients de s’engager à venir toutes les semaines ou toutes les deux semaines. Une fois que le travail est bien avancé, nous pouvons espacer davantage. 

Mais espacer trop tôt les séances nous empêche d’avancer. Même sur une durée de séance importante (1h15 à 1h30), nous ne pouvons que pointer des thématiques, sans pouvoir les travailler. En règle générale, une personne qui n’a pas vu son thérapeute depuis un mois, voire plus, aura beaucoup de choses à raconter. Et ce récit va prendre une grande partie de la séance. Il ne restera pas suffisamment de temps pour explorer en profondeur quoi que ce soit. 

Plante qui grandit pour montrer l'évolution que l'on a au cours d'une psychothérapie

En conclusion : peut-on répondre à cette question « combien de temps dure une psychothérapie? »

Il est donc bien impossible de prédire combien de temps dure une psychothérapie. A fortiori sans connaître la personne, son vécu, ses problématiques et ses potentielles résistances. 

Il me semble tout de même raisonnable d’envisager que ce travail s’étalera sur plusieurs mois au minimum. Et le plus souvent, nous compterons en années. 

Les personnes qui me consultent sont conscientes qu’il n’est pas envisageable de résoudre tout ce qui les encombre en quelques séances. 

A partir du moment où elles constatent une évolution qui se met en place rapidement, elles s’engagent dans ce travail en profondeur. Il n’est pas si évident de donner une moyenne du temps de thérapie. Mais si un ordre d’idée peut vous éclairer, je dirais qu’une personne consulte pour une durée comprise entre 5 et 7 ans. 

Cela peut sembler beaucoup, et pourtant, à l’échelle d’une vie, c’est finalement bien peu. 

Ne nous cachons pas qu’il s’agit d’un investissement de temps, d’énergie et d’argent  qui peut paraître conséquent. Et il l’est. L’on peut également envisager un autre angle de vision. Depuis combien de temps traînons-nous nos casseroles psychiques ? Ces difficultés sont-elles effaçables d’un coup de baguette magique .

Et si on le mesure au regard de l’influence positive qu’il aura sur notre vie, alors c’est finalement bien peu !