La formation pour devenir praticien en psychothérapie n’a pratiquement pas changé depuis des décennies. Elle s’appuie sur les méthodes traditionnelles d’apprentissage pour enseigner les compétences et les connaissances nécessaires pour devenir un thérapeute accompli. Bien sûr, l’apprentissage théorique reste cardinal. Mais il est temps de repenser la façon dont les psychothérapeutes sont formés afin de rester pertinents dans un monde moderne.
En désacralisant et en modernisant le processus de formation, nous pouvons faire en sorte qu’un plus grand nombre de personnes puissent devenir psychopraticiens. L’important est de transmettre les outils nécessaires pour traiter les problèmes de leurs patients de manière plus efficace.
Cela signifie qu’il faut utiliser des techniques d’enseignement novatrices, différentes, comme l’apprentissage par l’expérience. Nous devons offrir une expérience d’apprentissage plus significative. Grâce à ces changements, le praticien en psychothérapie peut acquérir les connaissances et l’expertise dont il a besoin pour fournir des soins de la plus haute qualité à ses clients.
Selon l’université, la durée d’une formation en psychologie est de cinq ans. Les étudiants sont censés avoir appris tout ce qu’ils doivent savoir pour devenir des praticiens efficaces.
Au cours de la licence ou du master, les étudiants ont à réaliser des stages, au cours desquels ils observent des thérapeutes expérimentés mener des séances de groupe. En effet, il est utile de préciser qu’ils ne peuvent pas être présents au cours de séances individuelles. Il est évident que la relation thérapeutique crée une intimité entre le thérapeute et son patient. Pour cette raison, la présence d’un stagiaire serait dérangeante, il y est donc très rarement admis.
Dans quelle mesure cet apprentissage en groupe se traduit réellement par des compétences utiles pouvant être appliquées dans un contexte individuel? L’expérience de groupe prépare-t-elle à celle du face-à-face avec un patient ?
Un autre paramètre concerne les approches psychanalytiques qui sont encore courantes dans de nombreux programmes de formation universitaire. Depuis quelques années, nous trouvons aussi l’approche de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). Cela peut troubler si l’on considère que nombre des psychothérapeutes les plus influents au monde mettent en doute l’efficacité de ces deux approches réciproquement. Ainsi, les psychanalystes critiquent l’utilisation de la TCC qu’ils voient comme un conditionnement qui ne durera pas. Et de leur côté, certains partisans de la TCC n’hésitent pas à décrire la psychanalyse comme une escroquerie! Voici un article qui décrit fort bien ces querelles : PSYCHANALYSE VS THÉRAPIES COMPORTEMENTALES ET COGNITIVES
Mais le sujet de ce billet n’est pas d’épiloguer sur la guerre entre les deux courants majoritaires dans les cursus universitaires. Mais de nous interroger sur ce que nous pouvons proposer comme formation pertinente pour devenir praticien en psychothérapie.
La première chose qui me semble essentielle est en effet de faire tomber ce mythe de la psychologie tellement obscure, opaque, inaccessible. Cela contribue à maintenir l’idée qu’elle nécessite de longues et nombreuses années pour espérer être digne de devenir praticien en psychothérapie un jour. Alors qu’en réalité, tout s’apprend, et lorsqu’on se passionne pour un sujet, l’apprentissage devient plaisir.
S’il est vrai que le cursus pour devenir psychologue clinicien est de 5 ans après le bac, doit-on prendre cette référence unique? Doit-on déduire qu’il s’agit là du minimum pour être légitime à accompagner des personnes dans la psychothérapie ?
Est-ce que ce sont réellement cinq ans d’apprentissage qui feront la différence dans l’accompagnement individuel en psychothérapie ?
Que resterait il ?!
Nous le savons tous. Et pourtant, nous pouvons constater encore aujourd’hui comme beaucoup ont tendance à évaluer la qualité d’une formation à sa durée, au nombre d’heures annoncé pour le programme. Est-ce si juste ? Certains cours privés se présentent comme en amphithéâtre, l’enseignant fait la dictée, et les élèves prennent des notes. Et cela représente un temps considérable.
Evidemment, il y a un temps nécessaire à la transmission, et ce n’est pas en un ou deux week-ends que l’on peut devenir un praticien en psychothérapie aguerri.
Certains programmes de formation argumentent que leur cours est de haute qualité simplement parce qu’ils ont quantifié un grand nombre d’heures. On peut se demander s’il ne s’agit pas simplement d’un moyen de prolonger artificiellement la durée du processus éducatif.
La question est simple : la prise de notes est-elle une partie de l’apprentissage ? Certes, nous faisons alors connaissance avec la matière enseignée. Mais pour la mémoriser, il sera nécessaire de la relire, de s’en imprégner, de se refaire ses propres notes. Sans oublier de la mettre en pratique pour se l’approprier. Donc prendre des notes façon sténodactylo n’apporte pas de gain notable sur la capacité du thérapeute.
Et nous aurions pu gagner un temps considérable avec un support déjà rédigé, pour un contenu identique.
Ne vaut-il pas mieux utiliser ce temps pour faire de la mise en pratique ? En tous cas, c’est mon avis.
Car il n’est pas question de réduire la formation pour devenir praticien en psychothérapie à une durée de quelques heures, ou en ayant lu deux bouquins. Simplement d’orienter le parcours de formation pour transmettre ce qui est nécessaire, utile, et permettre de le mettre en pratique.
Pour devenir des praticiens efficaces, nous ne pouvons pas faire l’impasse sur les bases théoriques indispensables. Mais nous pouvons aller au-delà en étudiant des approches thérapeutiques plus récentes et plus modernes.
Par exemple, une approche plus récente de la thérapie est la programmation neurolinguistique (PNL). Cette approche permet aux thérapeutes d’utiliser leur compréhension de l’esprit humain pour créer une expérience thérapeutique plus personnalisée pour chacun de leurs patients.
D’autres courants apportent des bénéfices certains aux patients, c’est le cas de l’approche systémique, de la gestalt thérapie, de l’approche centrée sur la personne.
Le point commun de tous ces courants de thérapie est de remettre le patient dans une position active de sa psychothérapie. Et non dans la position de celui qui écoute le thérapeute en le voyant comme le « sachant ».
Au-delà de la question des méthodes et des contenus, se pose aussi la question de savoir comment nous les enseignons.
Traditionnellement, on attend des stagiaires en psychothérapie qu’ils acquièrent les compétences et les connaissances nécessaires simplement en s’asseyant dans une salle de classe. Cette méthode peut s’avérer utile pour apprendre certains concepts. Malheureusement, elle ne permet guère aux étudiants de comprendre comment leurs compétences et leurs connaissances peuvent être appliquées dans le monde réel.
En fait, la seule façon d’apprendre véritablement à devenir praticien en psychothérapie est de s’exercer à l’être.
Cela signifie que les étudiants doivent avoir la possibilité d’appliquer leurs compétences et leurs connaissances tout en étant supervisés par un praticien expérimenté. L’un des meilleurs moyens d’y parvenir est l’apprentissage par l’expérience. Il permet aux étudiants de participer à diverses simulations et situations réelles destinées à reproduire les conditions d’une séance de psychothérapie. En participant à ce type d’apprentissage, les psychopraticiens en devenir peuvent mieux comprendre ce qu’est ce métier. Ils prennent ainsi la mesure de ce à quoi il nous confronte.
Et ils peuvent appliquer leurs compétences et leurs connaissances pour être efficaces dans les séances de thérapie de leurs futurs patients.
C’est finalement une question d’ingénierie pédagogique : comment organiser les apprentissages pour permettre une mise en pratique au plus près du réel ? Comment vérifier que l’apprenant est en mesure de se servir de ses acquis dans le face à face avec le client ?
Les simulations, les entraînements sont d’excellents moyens pour cela.
Croyez-moi, les questions qui peuvent être posées à la fin d’un cours ne sont pas du tout les mêmes que celles qui se posent lorsque l’on commence à pratiquer. Les deux catégories sont importantes, n’en délaissons aucune si nous voulons faire évoluer ce domaine de la psychothérapie.
Afin de rester pertinente dans notre monde actuel, la psychothérapie doit être modernisée. Cela signifie que les praticiens en psychothérapie doivent être formés à d’autres approches de la thérapie et avoir la possibilité de mettre en pratique ces compétences par le biais de l’apprentissage expérientiel. Cela signifie également que les éducateurs doivent veiller à désacraliser le processus de formation. Ainsi, ils permettront aux apprenants de quitter la fausse croyance selon laquelle ils doivent consacrer une décennie de leur vie à l’étude de la psychologie avant d’être prêts à devenir psychothérapeute.
Tout le monde peut ainsi y gagner, l’enseignant qui prendra plaisir à transmettre, l’apprenant qui se sentira réellement compétent pour exercer son métier, et le patient qui aura face à lui un professionnel réellement efficace.