Dans cet article, je vais vous raconter une séance de psychothérapie avec Alexis, un jeune homme de vingt ans. Alexis fait face à un stress énorme à l’approche de son examen de conduite, crucial pour son futur stage en Suisse. Il est évident que, sans moyen de déplacement sur son lieu de stage, il sera tributaire des horaires de bus. Malheureusement, il en sera très limité car les lignes de bus sont rares dans la zone où il se trouvera.

Il m’explique que le permis lui semble inaccessible car il a des difficultés à appliquer les règles du code de la route et à conduire en même temps.

Cependant, au fil de la séance, nous avons découvert ensemble que le véritable obstacle résidait ailleurs. Je vous invite à plonger dans cette expérience de séance révélatrice des ressorts profonds de certaines problématiques.

Son analyse personnelle

Le contexte que pose Alexis au début de notre séance évoque sans aucun doute un problème de gestion de son stress.

Il m’explique qu’il est submergé par ce stress alors qu’il se prépare à passer son permis de conduire la semaine prochaine. Malheureusement, il craint de le rater, car il perd ses moyens lors de ses leçons de conduite et commet des erreurs éliminatoires pour l’examen. Il est convaincu que c’est l’enjeu que représente cet examen pour lui qui amène son stress à une telle intensité.

Je demande à Alexis de me donner plus de détails sur ce qui se passe en lui lorsqu’il est au volant. Alexis me dit qu’il se trouve dans l’incapacité d’appliquer les règles du code de la route tout en conduisant. Cela lui semble trop complexe, cela fait « trop de choses à penser ». Il se sent submergé par un flot d’informations trop important.

Une autre chose lui pose un problème : quand il conduit, il est confronté à de nombreuses inconnues, notamment lorsqu’il doit aller dans des endroits qu’il ne connaît pas où il serait incapable d’anticiper une priorité à droite ou un stop mal annoncé. Il craint de se faire piéger par ces situations.

Portrait noir et blanc d'un jeune homme

Le paradoxe d’Alexis

En tant que thérapeute, je suis perplexe devant cette difficulté d’Alexis à intégrer les règles du code de la route, et conduire en tenant compte de ces règles. En effet, Alexis est un ancien sportif de haut niveau dans le ski de descente. Il se distingue également dans ses études d’ingénieur. J’ai du mal à saisir pourquoi les règles du code de la route lui donnent autant de fil à retordre.

C’est un jeune homme brillant, qui a déjà évoqué en séance qu’il a toujours eu beaucoup de facilités dans toute sa scolarité sans travailler vraiment. En participant à des championnats nationaux et internationaux de ski, il a nécessairement été confronté à des montées d’adrénaline énormes. Pourtant, cela ne lui faisait pas perdre ses moyens.

L’apprentissage de la conduite demande en effet un apprentissage des règles, ainsi qu’une coordination des gestes. Mais tout cela, il l’a déjà réalisé dans d’autres domaines. Alors pourquoi, là, dans cette configuration précise, perd-il ses moyens ?

Je fais part à Alexis de mes réflexions et interrogations. Il acquiesce.

.

Jeune homme en compétition de ski

Découvrez Notre Formation

Vous avez le désir d’aider les personnes en souffrance, vous aimez chercher, comprendre, analyser en profondeur, et trouver des solutions pour soulager les autres ?

Précision importante

Alexis me confie alors que son moniteur d’auto-école a un comportement rabaissant à son endroit. Ce dernier l’humilie avec des remarques désagréables et un ton détestable chaque fois qu’Alexis commet une erreur, même minime.

Par exemple, il lui lance des phrases méprisantes telles que : « Bah oui, hein, mon p’tit monsieur, faut pas faire n’importe quoi, hein ! ». Alexis l’imite et je le sens plein de rage à cette évocation.

Il me dit que lorsque cela se produit, pour la première petite erreur, cela suffit à faire perdre à Alexis tous ses moyens pour le reste de la leçon.

Sans aucune indulgence vis-à-vis de lui-même, il me dit qu’ensuite il devient complètement crétin. Il se voit faire les erreurs mais ne peut pas lutter. Comme s’il faisait n’importe quoi malgré lui, comme s’il était branché sur une sorte de pilote automatique qui ferait n’importe quoi.

Avec un sentiment de honte, il me raconte une de ses dernières séances. Le moniteur lui demande de tourner à gauche, il regarde dans son rétroviseur à gauche, met son clignotant à gauche… et tourne finalement à droite !

Pourtant, il essaie de faire tout ce qui est en son pouvoir pour éviter les erreurs et les remarques humiliantes.

Jeune homme au volant avec un moniteur d'auto école

Explorer ce qui se joue à l'intérieur

Je propose alors à Alexis d’utiliser une variante de l’EFT (Emotional Freedom Techniques). Mon objectif est de l’accompagner dans l’exploration de ses réactions face à ce moniteur rabaissant et de rencontrer sa peur de l’échec.

Après seulement une dizaine de minutes, Alexis se reconnecte à son désir de passer son permis et de prouver sa capacité. Il ressent alors une certitude et affirme : « Je suis largement capable ».

Cependant, je sais que nous n’en avons pas fini. Son inconscient libère des images et des sensations, et Alexis évoque « ce petit coin de confiance qu’il avait réussi à créer et que ce moniteur vient écraser ». J’oriente alors la technique pour travailler sur ce petit coin de confiance.

Au terme de cette technique, Alexis parvient à exprimer calmement sa croyance limitante : « Il ne faut pas avoir trop confiance, car j’ai peur de ce qui va m’arriver. J’ai peur de prendre un mauvais coup à cause de cette surconfiance ».

Selon lui, lorsqu’on manifeste de la confiance, on n’a plus le droit à l’erreur, sinon, dit-il, on se fait « tâcler à la gorge ». Des souvenirs de ses années lycée remontent, où chaque fois qu’il affichait son aisance dans un domaine, que ce soit l’école ou le ski, il suscitait des jalousies et de l’agressivité. Il ne savait pas du tout se défendre de ces agressions, il était complètement démuni. Finalement, c’est aujourd’hui la même histoire qui se répète à nouveau.

Jeune adolescent dans la cour du collège

Notre objectif thérapeutique

Face à ces révélations, je propose à Alexis de se concentrer sur son système de défense face à de telles attaques. Nous identifions ensemble que ce moniteur d’auto-école s’est engouffré dans une faille déjà présente chez lui.

Alexis se souvient s’être présenté à sa première leçon avec assurance et confiance en lui, pour déchanter rapidement. Nous abordons alors la nécessité de travailler sur ses stratégies de défense pour faire face à de telles situations.

Cette séance avec Alexis a mis en évidence l’importance de redéfinir la problématique des personnes qui nous consultent. Si je m’étais limitée au motif initial de consultation évoqué par Alexis, j’aurais été tentée de centrer la séance sur ses ressources pour passer son permis, en espérant lui redonner une certaine confiance pour aborder l’examen. Cependant, nous avons découvert ensemble que le problème résidait ailleurs, dans la présence de ce moniteur rabaissant.

Cette expérience souligne l’importance que nous donnons dans notre formation Psychopraticien pour explorer les problématiques réelles et ainsi guider nos clients vers une transformation profonde en allant résoudre le cœur du problème.

Cette séance avec Alexis illustre également que l’emploi de certaines techniques permettent de faire émerger naturellement les ressorts inconscients, c’est tout l’intérêt d’utiliser une approche intégrative.

Séance de psychothérapie d'un jeune homme