La psychothérapie, une approche purement cérébrale ?
La psychothérapie est souvent associée à une démarche abstraite, où l’on se triture le cerveau dans une démarche purement intellectuelle.
Et ce n’est pas du tout ma vision, ou, du moins, ce n’est pas la psychothérapie que je pratique !
Vous avez probablement déjà entendu parler des trois dimensions de notre cerveau. Le mental est géré par le cortex, l’émotionnel par le cerveau limbique, et l’instinctif est assuré par le cerveau reptilien. C’est pourquoi on parle de cerveau triunique.
En psychopratique, nous considérons ces trois dimensions. Et nous ne nous concentrons pas sur le mental uniquement. Heureusement, car la résolution en profondeur d’une problématique nécessite que l’information soit intégrée et acceptée à chacun de ces niveaux.
Je peux illustrer avec des exemples de la vie courante. Admettons que je veuille perdre du poids. Je sais qu’en mangeant à longueur de journée des aliments hyper caloriques, mon projet est voué à l’échec. Le sachant, je me prévois des repas raisonnables.
Pourtant, impossible de résister à l’appel du paquet de gâteaux… Est-ce parce que j’ai faim ? Même pas ! Et cette force supérieure qui me pousse inexorablement vers le placard diabolique, c’est une autre dimension de mon être. Et là, les raisons peuvent être nombreuses. Je suis peut-être stressée en ce moment par mon travail ou bien contrariée par les difficultés scolaires de mon petit dernier. Peut-être suis-je angoissée par les conflits croissants dans mon couple ou au contraire, désespérée par ce célibat qui s’éternise…
Tant que mes émotions me pousseront vers la nourriture, mon mental devra résister. Ce qu’il fera vaillamment… tant que je serai assez en forme pour assurer la résistance. Mais au premier coup de fatigue, ou face à un surplus d’émotion, les barrages cèdent.
Ce qui permettra d’assurer un résultat positif, c’est l’alliance entre les différents niveaux de mon cerveau. Si mes émotions négatives disparaissent, ou si j’envisage d’autres stratégies de réconfort, alors, je dispose de l’alignement nécessaire pour atteindre mon objectif sans effort.
Dans notre formation psychopraticien, nous tenons compte de ces trois dimensions, car nous savons que tant qu’il y a une lutte entre nos trois centres, nous serons confrontés à des difficultés. Et c’est valable pour tous les domaines, bien au-delà de l’exemple de la nourriture.
Le premier travail est de reconnecter chacun de ces centres en pleine conscience. Il est évident que nous sommes de plus en plus nombreux à être déboussolés entre nos émotions, nos pensées et nos ressentis physiques. On mange parce que l’on pense avoir faim. Alors qu’en réalité, on a besoin de manger pour faire taire certaines émotions. Mais sur l’instant, nous n’en sommes pas conscients.
Je constate cette perte de repères quand je pose la question suivante : « que ressens-tu ? », et que la réponse commence par « je pense que… ». Penser relève du mental, alors que le ressenti est dans le corps.
Ensuite, nous pouvons considérer que chaque niveau est une porte d’entrée. Nous pouvons choisir de passer par le corps, et relier ensuite les émotions et pensées associées. Ou bien, nous pouvons partir d’un échange verbal et d’une réflexion, qui vont déclencher certaines émotions ou ressentis physiques. Lorsqu’une information est traitée à chacun des niveaux, elle est réellement intégrée
Si nous restions uniquement à l’étage du mental, nous perdrions toute efficacité.
Ce qui nous pousse à entreprendre une psychothérapie est rarement l’envie d’explorer notre psyché, comme ça, juste pour le plaisir d’en savoir plus sur notre inconscient. La tendance générale est plutôt de rechercher une solution à un mal-être devenu insoutenable, ou à un problème que l’on ne parvient pas à résoudre seul.
Les psychothérapies qui resteraient à l’étage du mental permettront à la personne de comprendre pourquoi elle agit ainsi… mais cela ne changera pas la situation pour autant. Aller dans l’émotionnel, sans compréhension de ce qui se passe, permettra peut-être d’évacuer le trop plein. Mais ces mêmes émotions reviendront, tant que le mental n’aura pu mettre du sens dessus. Et l’on ne peut explorer ses émotions et ses pensées sans passer par le corps.
Certaines séances peuvent être consacrées à une dimension seulement. Mais il est important d’être conscient qu’il s’agit là d’une étape, et que les autres parties de nous devront être associées.
Il n’y a pas une méthode ou approche de psychothérapie qui, à elle seule, garantit l’intégration des informations par les trois centres. Je pense que ce qui permet cette intégration tient plutôt à l’intention du psychopraticien. Conscient de cette nécessité pour un résultat profond et durable, il veille à ce que ces trois centres de traitement de l’information soient mobilisés.
Prenons un exemple concret. Il arrive qu’une personne raconte une expérience vécue en l’analysant avec pertinence et justesse, mais qu’elle ne montre aucun signe d’émotion. Pourtant cette situation décrite serait susceptible de déclencher des émotions. C’est le rôle du thérapeute de remarquer cette absence d’émotion et de permettre la connexion émotionnelle. Ainsi, l’information contenue dans l’expérience décrite sera traitée dans les trois dimensions du cerveau.
A partir du moment où le psychopraticien est vigilant sur ce traitement des informations par les trois centres, la thérapie, quelle qu’en soit la technique, prend la dimension d’une thérapie psychocorporelle.
Il est tout à fait possible de veiller à l’intégration des informations par le corps en restant dans un échange verbal au cours d’un face à face classique. J’ai eu l’occasion de vivre ces moments de prises de conscience magistrales, qui provoquent des sensations corporelles intenses, que ce soit dans mon expérience personnelle ou professionnelle.
Donc, nous ne pouvons pas dire que tant que nous n’avons pas employé de techniques psychocorporelles à proprement parler, l’intégration n’est pas complète. Toutes les techniques de psychothérapie ont un lien avec le corps.
Toutefois, certaines techniques psychocorporelles sont parfois nécessaires, pour permettre un focus accentué sur la dimension du corps, et ce sera particulièrement utile pour des consultants qui sont dissociés de leurs sensations et émotions.
Les techniques de la programmation neurolinguistique sont intéressantes sur ce point, puisqu’elles mettent le corps en mouvement, et allient la conscience et le corps. D’autres techniques peuvent compléter cette approche, c’est pourquoi des cours thématiques sur des techniques complémentaires sont proposées dans notre parcours de formation psychopraticien. Voir le programme détaillé de notre formation.