Les piliers de la démarche de psychothérapie : comprendre le processus thérapeutique
Dans la conscience collective, le rôle d’un psy est d’écouter les personnes qui le consultent, avec bienveillance et compassion. Cette représentation sous-entend une certaine passivité, même s’il est entendu que le praticien rebondit sur le discours du consultant, en posant des questions notamment. Ma vision de notre rôle de praticien en psychothérapie est plus large, et suppose une posture proactive dans le processus de psychothérapie.
La psychothérapie est un cheminement complexe pour réellement aider les individus à surmonter des difficultés psychologiques et émotionnelles. Elle repose sur des étapes précises permettant de structurer le travail thérapeutique et d’assurer une évolution progressive et durable.
Dans cet article, nous explorerons en détail les quatre piliers fondamentaux de la démarche psychothérapeutique: définir ou redéfinir la problématique du consultant, comprendre l’origine du problème, définir un axe thérapeutique et choisir la technique appropriée
Ces étapes forment la base d’un accompagnement structuré et permettent d’amener le consultant vers un mieux-être profond et pérenne.
La première étape de toute démarche psychothérapeutique consiste à cerner précisément la problématique du consultant. Il est fréquent que les personnes se présentent en cabinet avec une vision floue ou erronée de leur problème. Par exemple, elles évoquent souvent un manque de confiance en soi, mais cette formulation générale cache bien souvent des enjeux plus complexes.
Les personnes peuvent venir en thérapie en exprimant un mal-être diffus ou une insatisfaction générale (« je ne me sens pas bien dans ma vie », « je n’ai pas confiance en moi »).
Cependant, il est crucial pour le thérapeute de creuser plus profondément pour identifier les racines spécifiques du malaise.
En effet, le terme de « confiance en soi » désigne la capacité à croire en ses propres compétences, mais il peut masquer d’autres problématiques comme un manque d’affirmation de soi, une faible estime de soi, ou encore une peur du rejet ou de l’abandon.
La mission du thérapeute est donc de poser les bonnes questions et d’utiliser des techniques d’écoute active et de reformulation pour amener le consultant à exprimer les aspects plus profonds de sa souffrance.
Cela peut inclure l’analyse de ses comportements, de ses schémas de pensée, et de ses émotions.
Grâce à cette exploration, le thérapeute et le consultant peuvent co-construire une compréhension claire et précise de la problématique.
Parfois, il s’agit d’une difficulté liée à l’affirmation de soi, d’autres fois c’est un travail sur l’estime personnelle ou la gestion des peurs fondamentales qui doit être entrepris.
Une fois la problématique définie, il est essentiel de remonter à son origine pour en comprendre les racines.
L’histoire personnelle du consultant joue un rôle central dans ce processus, car c’est en explorant le passé que l’on peut établir des liens entre les événements antérieurs et les difficultés actuelles.
Pour qu’une thérapie soit efficace, il est nécessaire de revisiter les expériences marquantes du passé du consultant, notamment celles de l’enfance et de l’adolescence. Celles-ci peuvent inclure des traumatismes, des relations familiales dysfonctionnelles ou des événements qui ont laissé une empreinte durable.
En explorant ces moments, le thérapeute peut aider le consultant à comprendre comment ces expériences ont façonné ses schémas comportementaux actuels.
Le psychopraticien utilise différentes méthodes pour explorer ces racines : entretien narratif, analyse des schémas de pensée ou encore techniques de visualisation.
Selon la personnalité du consultant, sa problématique, le thérapeute choisit la technique la plus ajustée pour garantir la sécurité émotionnelle de son client. C’est pourquoi une approche intégrative donne davantage de possibilité.
Pour ma part, j’utilise beaucoup la PNL et l’approche systémique pour tout ce qui touche à l’exploration de l’histoire. Mais je me laisse aussi guider par ce qui me paraît le plus approprié dans l’instant.
Ces outils permettent de revisiter les souvenirs de manière sécurisée, afin que le consultant puisse prendre conscience des influences du passé sur ses comportements et émotions actuels.
Cette compréhension est fondamentale, car elle ouvre la voie à une transformation en profondeur.
En effet, en identifiant la source de la problématique, le thérapeute et le consultant sont en mesure de travailler de manière ciblée sur les éléments qui entravent le bien-être du consultant.
La troisième étape consiste à établir un axe thérapeutique précis en fonction des éléments identifiés lors des étapes précédentes. Il s’agit de transformer la compréhension du problème en objectifs concrets et atteignables.
Un axe thérapeutique clair implique de fixer des objectifs en adéquation avec les besoins et la réalité du consultant. Par exemple, si la problématique est liée à une peur de l’agression et l’humiliation, les objectifs peuvent inclure le renforcement de l’estime de soi, la prise de conscience de sa propre valeur, et l’apprentissage de stratégies pour s’affirmer et se défendre face à des situations perçues comme menaçantes. Si le consultant éprouve des difficultés à poser ses limites face à son entourage, les objectifs peuvent consister à développer ses capacités d’affirmation de soi et à renforcer sa confiance en ses capacités à exprimer ses besoins.
Il est essentiel que cet axe thérapeutique soit adapté, progressif et personnalisé, car vouloir aller trop vite, alors que le consultant n’est pas prêt conduira à l’échec.
Pour garantir l’efficacité de la démarche, le thérapeute doit évaluer les ressources actuelles du consultant et sa capacité à prendre conscience et mettre en œuvre des changements.
Ainsi, un plan d’action progressif est mis en place, avec des étapes définies, afin que le consultant puisse avancer et constater les évolutions et les progrès au fil des séances, sans se trouver aux prises avec des expériences trop douloureuses qui le submergeraient.
Cette planification aide à maintenir le cap et à renforcer l’engagement du consultant tout au long de la thérapie.
Une fois l’axe thérapeutique défini, le thérapeute peut choisir la technique la plus appropriée pour accompagner le consultant vers l’atteinte de ses objectifs. Cette étape nécessite une grande capacité de discernement, car il est crucial d’adapter la technique en fonction du problème à traiter et de la personnalité du consultant.
Il existe une multitude de techniques en psychothérapie, telles que l’hypnose, l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing), la PNL, l’approche systémique, l’EFT et bien d’autres.
Chacune de ces techniques a des indications spécifiques, et le choix de l’une d’entre elles doit se faire en fonction de la nature de la problématique et du consultant.
Par exemple, les techniques de visualisation que nous utilisons en PNL sont très efficaces pour travailler dans un état modifié de conscience comme l’hypnose, tandis que l’EMDR ou des techniques dérivées, sont particulièrement indiquées pour traiter les traumatismes.
Il est important de comprendre que la technique n’est jamais une solution en soi. Elle est un moyen d’atteindre un objectif thérapeutique et doit être appliquée de manière réfléchie. Par exemple, l’utilisation de l’hypnose ou de l’EMDR ne peut donner des résultats durables que si elle s’inscrit dans un cadre thérapeutique structuré, avec des objectifs clairs et un suivi régulier. Le psychopraticien évalue ainsi la méthode la plus en adéquation avec le consultant, en prenant en compte sa personnalité, ses attentes et sa réceptivité.
Il est fréquent que certaines techniques deviennent populaires et soient perçues comme des solutions « miracles ». L’hypnose, puis l’EMDR, ont ainsi suscité un engouement ces dernières années.
Cependant, aucune technique, aussi puissante soit-elle, ne peut se substituer aux étapes fondamentales de la psychothérapie. L’efficacité de ces méthodes repose sur leur utilisation dans un cadre thérapeutique bien défini et sur la construction préalable d’une alliance de confiance entre le consultant et le thérapeute.
Sans objectif thérapeutique précis, il est impensable d’obtenir un résultat. Par exemple, il est illusoire de faire une séance d’EMDR ou d’EFT sur une thématique aussi vague et floue que “je n’ai pas confiance en moi”.
Pour conclure
Les quatre piliers de la démarche de psychothérapie — définir la problématique, en comprendre l’origine, établir un axe thérapeutique et choisir la technique adaptée — forment un cadre structuré qui permet d’accompagner le consultant de manière efficace.
Chacune de ces étapes est essentielle pour offrir un accompagnement de qualité et garantir une transformation durable. La psychothérapie ne se limite pas à l’application de techniques, mais à une approche globale, progressive et personnalisée, où le consultant et le thérapeute travaillent main dans la main pour atteindre un mieux-être durable.
Ces quatre piliers de notre mission en tant que psychopraticien sont abordés en détail dans notre formation en psychothérapie. Notre module « Posture du thérapeute » permet de développer les capacités du praticien pour maîtriser l’ensemble du processus avec fluidité et efficacité.