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Petit mot d’introduction
Un client qui appelle en dehors des heures d’ouverture du cabinet. Une séance qui déborde 20 minutes. Des honoraires impayés. Tout cela impacte la qualité de votre travail.
Un jour, l’épuisement se fait sentir et c’est là qu’une vérité fondamentale apparaît : ne pas se poser de limites claires nuit à votre pratique.
Dans cet article, je vais partager avec vous ce que j’ai appris, parfois dans la douleur, sur l’art d’établir des frontières saines dans notre pratique. Car contrairement à ce que j’ai longtemps cru, poser des limites n’est pas un acte d’égoïsme, mais un fondement essentiel de toute relation thérapeutique efficace.
Nous ne pouvons donner ce que nous ne possédons pas
Commençons par une vérité que j’aurais aimé comprendre plus tôt : poser des limites n’est pas en contradiction avec la bienveillance et l’empathie. Au contraire, c’est leur fondement.
Ce que j’ai observé : Les thérapeutes qui posent clairement leurs limites sont paradoxalement perçus comme plus fiables et plus dignes de confiance par leurs clients. Les frontières claires créent un sentiment de sécurité qui favorise l’ouverture.
Reconnaître les signes d’alerte
Comment savoir si vos limites professionnelles sont trop poreuses ? Voici quelques signaux qui méritent votre attention :
Mon expérience : Je me souviens d’une période où je consultais jusqu’à 21h trois soirs par semaine, pensant être « au service » de mes clients qui travaillaient tard. Résultat? Je n’avais plus d’énergie pour ma propre famille et mes séances du lendemain matin manquaient de présence et de vivacité. En limitant mes consultations à 19h maximum, j’ai non seulement retrouvé mon équilibre personnel, mais aussi une qualité de présence bien supérieure pendant mes heures de travail.
Pour approfondir ce sujet crucial, découvrez mon article Gérer ses émotions en tant que thérapeute qui explore comment préserver votre équilibre émotionnel.
Les domaines clés où des frontières sont nécessaires
Certains aspects de notre pratique nécessitent des limites particulièrement claires. Ces aspects pratiques font partie intégrante d’un cadre thérapeutique solide.
Ma petite astuce : J’ai créé un document que je remets à chaque nouveau client, détaillant clairement ces différentes limites. Ce document sert de référence commune et m’évite d’avoir à improviser des réponses dans des situations délicates.
L’art de dire non avec bienveillance
La façon dont nous communiquons nos limites est presque aussi importante que les limites elles-mêmes. Voici quelques formulations que j’ai affinées au fil des années :
❌ « Désolée, je ne peux pas » (trop vague)
✅ « Je réserve mes soirées à ma famille, mais je peux vous proposer mardi à 17h ou jeudi à 16h. Qu’est-ce qui vous conviendrait le mieux ? »
❌ « Il faut qu’on s’arrête là » (peut sembler abrupt)
✅ « Nous approchons de la fin de notre temps. Ce que vous abordez est important – souhaitez-vous en faire le point de départ de notre prochaine séance ? »
❌ « Vous m’appelez trop souvent » (accusateur)
✅ « J’observe que vous avez besoin de contacts entre nos séances. Explorons ensemble ce que cela exprime et comment nous pouvons y répondre dans le cadre de notre travail. »
❌ « Je ne sais pas faire ça » (peut sembler incompétent)
✅ « Pour cette problématique spécifique, je pense que vous bénéficieriez davantage de l’expertise d’un(e) [spécialiste]. Je peux vous recommander des personnes qualifiées si vous le souhaitez. »
Prévenir plutôt que guérir
Certaines émotions sont particulièrement difficiles à accueillir en tant que thérapeute.
Ce que j’ai appris : Poser des limites dès le départ est plus facile que d’essayer de les introduire une fois que des habitudes se sont installées. Un cadre clair dès le premier contact crée paradoxalement plus de liberté et de fluidité dans la relation thérapeutique.
Pour structurer efficacement vos premières rencontres, découvrez notre article dédié.
Gérer la culpabilité quand on pose des limites
La culpabilité est souvent notre compagne lorsque nous commençons à poser des limites plus claires.
Origines fréquentes de cette culpabilité :
Stratégies pour transformer cette culpabilité :
Origines fréquentes de cette culpabilité | Stratégies pour transformer cette culpabilité |
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Conditionnement social (particulièrement pour les femmes) | Reconnaître que des limites claires sont un acte de professionnalisme, pas d'égoïsme |
Histoire personnelle où prendre soin des autres était survalorisée | Se rappeler que votre efficacité thérapeutique dépend de votre bien-êtres |
Crainte de perdre des clients ou des revenuse | Partager vos questionnements avec des pairs ou en supervision |
Identification excessive à l'idéal du "thérapeute dévoué" | Observer les bénéfices concrets que vos limites apportent à votre pratique |
Confusion entre limites professionnelles et rejet personnel | Célébrer les petites victoires dans votre affirmation personnellee |
Pour finir sur une note positive
En conclusion, j’aimerais vous partager cette conviction profonde : poser des limites saines n’est pas un acte d’égoïsme ou de détachement, mais au contraire un fondement essentiel d’une pratique thérapeutique éthique et durable.
Le chemin vers des limites saines est un processus continu, fait de petits ajustements et parfois de courage. Soyez patient(e) avec vous-même dans cette évolution, tout en restant ferme sur votre engagement à prendre soin de vous pour mieux prendre soin des autres.
Et vous, quelle est la limite la plus difficile à poser dans votre pratique ? Je serais curieuse de connaître vos expériences et vos questions sur ce sujet fondamental.