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Poser ses limites
en tant que thérapeute

Ce que vous allez découvrir

Petit mot d’introduction

Un client qui appelle en dehors des heures d’ouverture du cabinet. Une séance qui déborde 20 minutes. Des honoraires impayés. Tout cela impacte la qualité de votre travail.

Un jour, l’épuisement se fait sentir et c’est là qu’une vérité fondamentale apparaît : ne pas se poser de limites claires nuit à votre pratique.

Dans cet article, je vais partager avec vous ce que j’ai appris, parfois dans la douleur, sur l’art d’établir des frontières saines dans notre pratique. Car contrairement à ce que j’ai longtemps cru, poser des limites n’est pas un acte d’égoïsme, mais un fondement essentiel de toute relation thérapeutique efficace.

Nous ne pouvons donner ce que nous ne possédons pas

Pourquoi les limites sont thérapeutiques (et non égoïstes)

Commençons par une vérité que j’aurais aimé comprendre plus tôt : poser des limites n’est pas en contradiction avec la bienveillance et l’empathie. Au contraire, c’est leur fondement.

Les bénéfices des limites claires

Pour vous
  • Protection contre l’épuisement professionnel
  • Clarté dans votre rôle et vos responsabilités
  • Respect de vos besoins personnels et familiaux
  • Espace de ressourcement nécessaire à votre efficacité
  • Modélisation de relations saines (particulièrement important pour ceux qui ont grandi dans des environnements aux frontières floues)
  • Sécurité apportée par un cadre prévisible
  • Relation authentique plutôt que complaisante
  • Meilleure qualité de présence de votre part

Ce que j’ai observé : Les thérapeutes qui posent clairement leurs limites sont paradoxalement perçus comme plus fiables et plus dignes de confiance par leurs clients. Les frontières claires créent un sentiment de sécurité qui favorise l’ouverture.

Reconnaître les signes d’alerte

Le prix du "toujours disponible" est plus élevé qu'on ne croit

Comment savoir si vos limites professionnelles sont trop poreuses ? Voici quelques signaux qui méritent votre attention :

Signes physiques

Signes émotionnels

Signes comportementaux

Mon expérience : Je me souviens d’une période où je consultais jusqu’à 21h trois soirs par semaine, pensant être « au service » de mes clients qui travaillaient tard. Résultat? Je n’avais plus d’énergie pour ma propre famille et mes séances du lendemain matin manquaient de présence et de vivacité. En limitant mes consultations à 19h maximum, j’ai non seulement retrouvé mon équilibre personnel, mais aussi une qualité de présence bien supérieure pendant mes heures de travail.

Pour approfondir ce sujet crucial, découvrez mon article Gérer ses émotions en tant que thérapeute qui explore comment préserver votre équilibre émotionnel.

Les domaines clés où des frontières sont nécessaires

Les limites essentielles à définir dans votre pratique

Certains aspects de notre pratique nécessitent des limites particulièrement claires. Ces aspects pratiques font partie intégrante d’un cadre thérapeutique solide.

👩‍⚕️ Limites personnelles

  • Horaires de consultation : Définissez vos plages horaires durant lesquelles vous êtes  disponible et respectez-les
  • Durée des séances : Une séance a un début et une fin (généralement 60 minutes)
  • Fréquence : Quelle est votre politique concernant le rythme des rendez-vous ?
  • Disponibilité entre les séances : Quand et comment êtes-vous joignable ?

💰 Limites financières

  • Honoraires : Clairs, non négociables (sauf exceptions définies à l’avance)
  • Politique d’annulation : Conditions et délais de prévenance
  • Gestion des impayés : Procédure définie et appliquée systématiquement
  • Tarifs spéciaux ou arrangements : Critères précis et transparents

❤️ Limites relationnelles

  • Nature de la relation : Thérapeutique et non sociale ou amicale
  • Réseaux sociaux : Quelle est votre politique concernant les connexions virtuelles ?
  • Relations duales : Position claire sur les autres types de relations avec les patients
  • Cadeaux et invitations : Comment les gérez-vous ?

❔Limites de compétence

  • Champ d’expertise : Reconnaître les problématiques qui dépassent votre formation
  • Orientation vers d’autres spécialistes : Quand et comment ?
  • Formation continue : S’engager à développer ses compétences dans des domaines spécifiques
  • Supervision : Maintenir un regard extérieur sur sa pratique

Ma petite astuce : J’ai créé un document que je remets à chaque nouveau client, détaillant clairement ces différentes limites. Ce document sert de référence commune et m’évite d’avoir à improviser des réponses dans des situations délicates.

L’art de dire non avec bienveillance

Formulations concrètes pour affirmer vos limites

La façon dont nous communiquons nos limites est presque aussi importante que les limites elles-mêmes. Voici quelques formulations que j’ai affinées au fil des années :

Pour les demandes d'horaires hors de vos plages de disponibilité

❌ « Désolée, je ne peux pas » (trop vague)

✅ « Je réserve mes soirées à ma famille, mais je peux vous proposer mardi à 17h ou jeudi à 16h. Qu’est-ce qui vous conviendrait le mieux ? »

❌ « Il faut qu’on s’arrête là » (peut sembler abrupt)

✅ « Nous approchons de la fin de notre temps. Ce que vous abordez est important – souhaitez-vous en faire le point de départ de notre prochaine séance ? »

❌ « Vous m’appelez trop souvent » (accusateur)

✅ « J’observe que vous avez besoin de contacts entre nos séances. Explorons ensemble ce que cela exprime et comment nous pouvons y répondre dans le cadre de notre travail. »

❌ « Je ne sais pas faire ça » (peut sembler incompétent)

✅ « Pour cette problématique spécifique, je pense que vous bénéficieriez davantage de l’expertise d’un(e) [spécialiste]. Je peux vous recommander des personnes qualifiées si vous le souhaitez. »

Prévenir plutôt que guérir

Les limites se posent dès le départ

Certaines émotions sont particulièrement difficiles à accueillir en tant que thérapeute.

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Lors du premier contact

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Lors de la première séance

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Dans vos supports de communication

Ce que j’ai appris : Poser des limites dès le départ est plus facile que d’essayer de les introduire une fois que des habitudes se sont installées. Un cadre clair dès le premier contact crée paradoxalement plus de liberté et de fluidité dans la relation thérapeutique.

Pour structurer efficacement vos premières rencontres, découvrez notre article dédié.

Gérer la culpabilité quand on pose des limites

Transformer le malaise en assurance professionnelle

La culpabilité est souvent notre compagne lorsque nous commençons à poser des limites plus claires.

Origines fréquentes de cette culpabilité :

  • Conditionnement social (particulièrement pour les femmes)
  • Histoire personnelle où prendre soin des autres était survalorisé
  • Crainte de perdre des clients ou des revenus
  • Identification excessive à l’idéal du « thérapeute dévoué »
  • Confusion entre limites professionnelles et rejet personnel

 

Stratégies pour transformer cette culpabilité :

  • Reconnaître que des limites claires sont un acte de professionnalisme, pas d’égoïsme
  • Se rappeler que votre efficacité thérapeutique dépend de votre bien-être
  • Partager vos questionnements avec des pairs ou en supervision
  • Observer les bénéfices concrets que vos limites apportent à votre pratique
  • Célébrer les petites victoires dans votre affirmation personnelle
Origines fréquentes de cette culpabilité Stratégies pour transformer cette culpabilité
Conditionnement social (particulièrement pour les femmes) Reconnaître que des limites claires sont un acte de professionnalisme, pas d'égoïsme
Histoire personnelle où prendre soin des autres était survalorisée Se rappeler que votre efficacité thérapeutique dépend de votre bien-êtres
Crainte de perdre des clients ou des revenuse Partager vos questionnements avec des pairs ou en supervision
Identification excessive à l'idéal du "thérapeute dévoué" Observer les bénéfices concrets que vos limites apportent à votre pratique
Confusion entre limites professionnelles et rejet personnel Célébrer les petites victoires dans votre affirmation personnellee

Pour finir sur une note positive

Un dernier mot d'encouragement

En conclusion, j’aimerais vous partager cette conviction profonde : poser des limites saines n’est pas un acte d’égoïsme ou de détachement, mais au contraire un fondement essentiel d’une pratique thérapeutique éthique et durable.

Le chemin vers des limites saines est un processus continu, fait de petits ajustements et parfois de courage. Soyez patient(e) avec vous-même dans cette évolution, tout en restant ferme sur votre engagement à prendre soin de vous pour mieux prendre soin des autres.

Et vous, quelle est la limite la plus difficile à poser dans votre pratique ? Je serais curieuse de connaître vos expériences et vos questions sur ce sujet fondamental.